(PORTAIT) Sa galerie de photos est riche de ses belles rencontres diplomatiques durant ces dix dernières années. Fringant jeune homme, lunette d’intello, le visage toujours souriant tout en étant droit dans ses convictions, le nouveau président élu de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló, ne sera certainement pas dépaysé dans son palais. Habitué des résidences présidentielles, il apparait comme l’homme providentiel qu’attendait la Guinée Bissau depuis la disparition de Amilcal Cabral. Homme de défis, cet ancien Premier ministre du président José Mário Vaz pourra à coup sûr surmonter les différents écueils qui se dresseront sur son chemin pour relever la Guinée Bissau de son profond sommeil et de l’image peu flatteuse de plaque tournante de la cocaïne.
Emmitouflé dans son keffieh qui l’a rendu populaire lors de la campagne électorale pour la présidentielle, le nouveau président élu de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló, donne l’impression d’un homme adossé à plusieurs cultures tout en restant profondément accroché aux réalités socio-culturelles de son pays. L’image qu’elle donne renvoie plus à Amilcar Cabral, le père de la guerre de libération rendu célèbre par son bonnet et ses idées révolutionnaires.
Peul musulman, de mère d’origine malienne, cet habitué des palais présidentiels bénéficie déjà d’une aura internationale qui pourrait être un atout non négligeable pour son pays englué dans une instabilité institutionnelle chronique avec plusieurs coups d’Etat. Général de brigade, de l’armée de réserve qu’il a quittée dans les années 1990, le nouvel homme fort de la Guinée Bissau est un spécialiste des aspects de défense, et de relations diplomatiques. Une position qui lui a permis de jouer de grandes missions lors des crises en Afrique. Sa stature de diplomate étant déjà faite avec un carnet d’adresses bien lourd eu égard aux missions de bons offices qu’il a eu à jouer dans le continent et qui le placent au cœur des pouvoirs depuis plus d’une décennie.
A peine élu, ses premières visites hors de son pays renseignent sur sa volonté de sortir la Guinée Bissau de la crise. Son récent séjour chez le voisin sénégalais dont le président, Macky Sall, est pour lui un frère, montre sa disposition à jouer le volet diplomatique pour faire profiter de son pays de l’expérience sénégalaise. Outre le Sénégal, le nouveau président élu entretient des relations cordiales et d’estime avec le président congolais, Denis Sassou Nguessou qu’il considère comme un « père ».Umaro Sissoco Embaló s’est également rendu auprès du chef de l’Etat nigérian, au Tchad et au Maroc. Et malgré quelques frictions avec le président Guinéen, Alpha Condé, le nouveau président élu tient à entretenir de bonnes relations avec son homologue dans un respect mutuel, manifestant son désir de tourner leur page conflictuelle qui a détérioré leur relation pour l’intérêt des deux pays voisins, liés par l’histoire et la géographie. Dans ses premières interviews, il soutient qu’il faut « oublier et marcher ensemble » pour « vivre en paix » avec ses voisins. Toutes ces démarches renseignent sur la volonté du président Umaro Sissoco Embaló de sortir son pays de l’isolement géographique dans lequel son instabilité institutionnelle l’a confiné depuis la disparition de son leader charismatique Amilcar Cabral.
Gommer l’image peu flatteuse de plaque tournante de la drogue
L’atout du nouveau président élu, c’est surtout son expérience diplomatique sur la scène internationale et son carnet d’adresses très fourni grâce à des liens solides qu’il a réussi à tisser avec des présidents africains en exercice. Il dispose d’un réseau à l’international, ayant été représentant en Afrique de l’Ouest d’un fonds d’investissement libyen, la Libyan African Investment Company (Laico), et chargé de mission diplomatique pour le président Nino Vieira. Premier ministre du président José Mário Vaz, du 18 novembre 2016 au 22 janvier 2018, date à laquelle il démissionne, Umaro Embaló apparait comme l’homme providentiel en mesure de sortir son pays de la crise. Des défis, le général en a plusieurs. Le premier et le plus difficile sera certainement d’effacer le statut de plaque tournante de la cocaïne qui colle à la peau de ce pays considéré comme l’un des plus pauvres de l’Afrique. Ce qui fait que tout est défi pour le nouveau président élu qui connait bien son pays ainsi que ses réalités militaires.
Premier président de confession musulmane et surtout de l’ethnie peulh , sa stature d’ancien général de brigade, lui permettra certainement de gommer ces considérations pour changer l’image peu flatteuse d’un pays en perpétuelle crise institutionnelle et plaque tournante de la cocaïne. Dans un pays presque dépourvu d’infrastructure, Umaro Sissoco Embaló pourra s’appuyer sur ses relations pour relever le défi infrastructurel, en traduisant la belle vision qu’il a pour son pays en actes.
Titulaire d’une licence en relations internationales, obtenue à l’Institut supérieur des sciences sociales et politiques à l’université technique de Lisbonne, puis d’une maîtrise en sciences politiques à l’Institut d’étude internationale de Madrid en Espagne et d’un doctorat en relations internationales à l’université complutense de Madrid. Par ses origines, et ses études en Espagne et au Portugal, il maîtrise plusieurs langues telles que le portugais, l’espagnol, le français et l’arabe. Bref, l’homme providentiel pour mettre la Guinée Bissau sous les rails du développement avec des institutions fortes.
Par Mamadou LY
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