Par Afriquechos décembre 30, 2021
AFRIQUECHOS.COM- L’actuel Chef d’Etat Bissau-Guinéen le général de corps d’armée Umaro Sissoco Embaló est entrain de remettre son pays dans la carte géopolitique ouest-africaine et mondiale. Pour cela, ce quadragénaire qui étonne par son style cash et direct a entrepris des réformes en Guinée Bissau en proie à une instabilité chronique depuis son indépendance de 1975.
Samba Diop
L’actuel Président Bissau guinéen Umaro Sissoco Embaló se rêve d’un destin à la Amílcar Cabral, héros de l’indépendance Bissau guinéenne. Mais, il ne s’agit pas de libérer la Guinée Bissau du joug colonial mais de l’émanciper du carcan du trafic de drogue et de la pauvreté qui gangrène ce pays depuis son indépendance en 1975. Depuis le début de son mandat en 27 février 2020, Umaru Sissoco Embaló entend faire bouger les choses dans cet État longtemps considéré comme l’épicentre du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest. Le président Umaro Sissoco Embaló a lancé une série de réformes qui concernent divers secteurs ; agriculture, administration, finances et à renforcer la coopération avec ses pays voisins (Sénégal et Guinée) ainsi qu’avec d’autres partenaires étrangers notamment le Maroc, la France et la Chine. Néanmoins, le leader de la Madem G-15 n’entend pas se laisser marcher sur les pieds. Umaro Sissoco Embaló s’oppose aux autorités américaines qui lui réclament l’extradition Antonio Indjai : ancien chef de l’armée Bissau guinéenne. Le chef d’Etat Bissau guinéen se réfugie derrière la Constitution qui interdit l’extradition de ces concitoyens. « Si les Américains ont des preuves, qu’ils nous les donnent. Il sera alors jugé et mis en prison. Mais mettre à prix la tête de l’un de mes citoyens est un manque de respect. Il n’y a pas de petit État, il n’y a que des États », déclare l’ancien Premier ministre du président José Mario Vaz (2016 à 2018). Cet officier supérieur de réserve qui a quitté l’armée en 1990 entend aussi mettre au pas l’armée bissau-guinéenne ainsi que les trafiquants de drogue qui depuis des décennies s’est signalée par sa désorganisation et sa prétention à renverser les pouvoirs civils. En effet, l’état-major des armées de la Guinée-Bissau a annoncé en octobre 2021 avoir identifié des militaires qui préparaient un coup d’Etat et pour renverser l’ordre constitutionnel dans ce petit pays d’Afrique de l’ouest. Une situation qui ne semble pas effrayer Umaro Sissoco Embaló. « Elle (ndlr : armée) est devenue républicaine. J’en suis le commandant suprême et le seul chef », indique -t-il.
Un style “cash” et direct sur le plan diplomatique
Ce spécialiste en relations internationales et des questions de défense étonne et détonne par ce style cash et direct qui lui a permis d’imposer comme un intermédiaire privilégié dans plusieurs grands dossiers ouest-africains. Aujourd’hui il a réussi à propulser la Guinée Bissau au-devant de la scène internationale faisant de ce pays désormais une puissance diplomatique. D’un caractère strict à terme autoritaire, le Chef d’État atypique n’a pas troqué son franc-parler afin de s’opposer « frontalement » aux présidents Alpha Condé et Alassane Ouattara qui par l’intermédiaire d’un « coup d’État constitutionnel » ont brigué un troisième mandat. Une situation qui a abouti à de vifs échanges contre ses collègues susmentionnés lors des différentes conférences de la CEDEAO. Un troisième mandat qui s’est terminé pour l’ancien homme fort de Guinée, sous les fracas des armes du Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne en octobre. Ce style cash lui a aussi valu des déboires avec ses opposants du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) qui l’accuse d’autoritarisme. », a-t-il affirmé dans un entretien à Jeune Afrique en octobre dernier. « Super Embaló » qui ne s’est jamais départi de son passé de militaire argue du fait que désormais les services de sécurité et de défense sont désormais sous contrôle de l’exécutif Bissau guinéen.
La guerre politique larvée contre le PAIGC
Toutefois cette méthode un peu directe et parfois brutale a ravivé les tensions avec les cadres du PAIGC (l’ancien parti unique) dès son arrivée au pouvoir. Les responsables du parti dénoncent les dérives autoritaires. Le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et au Cap-Vert (PAIGC) qui contrôle le parlement est en conflit ouvert avec Umaro Embaló depuis son investiture en février 2020. Par ailleurs, les cadres du PAIGC se sont opposés à la volonté du Président Embaló de renforcer ses prérogatives comme président de la République au sein d’un régime semi-présidentiel. Les craintes d’une crise politique entre Embaló et le PAIGC pouvant déboucher sur un énième coup d’État ont poussé la Cedeao à renforcer la présence des forces de mission de la Cedeao en Guinée-Bissau (Ecomib) chargé d’assurer la sécurité les chefs d’institutions et les édifices publics du pays. Cette guerre s’est intensifiée ces dernières semaines avec le rejet par le Parlement bissau-guinéen le 15 décembre d’une résolution qui considère comme « nul et sans effets » l’accord entre le président Umaro Sissoco Embaló et son homologue sénégalais Macky Sall sur l’exploration pétrolière dans la zone maritime commune entre les deux pays. En outre, les membres de ce parti d’extraction marxiste indiquent le fait que ni le Premier ministre ni le Parlement bissau-guinéen n’en auraient été informés de cet accord. Ce rejet a suscité le courroux du spécialiste en relations internationales. Umaro Sissoco Embalo indique que ni la Constitution ni le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne prévoient que l’hémicycle puisse déclarer un accord de ce type nul et non avenu. Une déclaration qui fait craindre l’ouverture d’un nouveau front dans la guerre larvée qui oppose Embaló et les leaders du PAIGC
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